Cela fait plusieurs mois que la filière Vin interpelle les consommateurs et les pouvoirs publics pour leur faire prendre conscience qu’ils en ont GrOS! (les fans de kaamelott me suivront sur ce coup):
- Les effets positifs des EGALIM peinent à se montrer pour les producteurs.
- Le contexte économico-politique international n’est pas bon et/ou nébuleux: Taxe à 25% aux USA, Brexit …
- Les politiques de santé publiques sont trop restrictives: Janvier sobre, étude du lancet, ZNT …
- Les ravages du coronavirus sur les activités économiques (qui ne doivent pas primer sur la santé publique).
Il est donc tout à fait légitime de montrer son mécontentement surtout quand un certain nombres d’efforts sont réalisés pour coller au mieux aux besoins des consommateurs:
- La montée en puissance des propriétés converties ou en conversion bio
- Le développement du label HVE
- Des actions de terrain concrètes comme les vignerons de Bordeaux qui font de la pédagogie sur les points de vente pendant la Saint Vincent.
- Les projets oenotouristiques qui donnent du sens au consommateur pour se rendre sur les propriétés et échanger avec les vignerons.
Malgré cela, rien n’y fait, les tensions montent, les esprits s’échauffent et les mots dépassent souvent la pensée. J’ai pu lire des tweets ou des posts sur des groupes Facebook de vignerons qui descendaient en flamme Agnès Buzyn ou les actions de l’ANPAA, idem sur la gestion des crédits PAC par France Agrimer, des choses horribles qui n’auraient certainement jamais été dites si le contexte économique était plus sain. Je pose donc la question: Les vignerons doivent-ils remettre dans les seules mains des personnes à la tête des institutions la pérennisation de leur activité? Ne peuvent-ils pas, par des actions personnelles reprendre en main la distribution de leurs vins? N’existerait-il pas un moyen d’y parvenir? Vous me voyez surement venir n’est ce pas?
Vendre son vin sur internet, on y pense vraiment?
“Nous sommes en guerre!”
Pour paraphraser les mots de notre président au début de cette période de confinement, je n’ai pas peur de le dire, oui, la filière Vins et Spiritueux est en guerre. Une guerre commerciale. Contre les stocks qui s’entassent, les contrats qui s’annulent, les prospects qui ne répondent plus aux sollicitations. Alors quelle solution trouver en cas de guerre?
Si vis pacem, para bellum
Beaucoup de vignerons mettent en œuvre ces derniers jours les solutions de fortune pour écoper le navire. J’ai vu fleurir ça et là des sites internets proposant la vente en ligne des produits:
- sans mentions spécifiques liées au covid
- sans implémentation de protocole RGPD
- sans optimisation du contenu, ne serait ce que les fiches articles
- sans modification des CGV liées aux délais de rétractation modifiés en cas de pandémie.
- sur les réseaux sociaux, les mentions obligatoires liées à la loi Evin sont littéralement bafouées (apéros visio live instagram sans rappel des textes en vigueur).
Si vis pacem, para bellum oui, si tu veux la paix, prépare la guerre… Mais pas à n’importe quel prix. La tentation de transformer son économie physique vers le digital pour réaliser ses objectifs commerciaux c’est bien, mais il y a des consignes à respecter.
1- Internet n’est pas une roue de secours:
Savoir mettre en ligne une solution de paiement, générer une facture, organiser une livraison, répondre au SAV spécifique à la vente sur internet, tout cela ne s’apprend pas en quelques jours. L’e-commerce n’est pas une solution sortie du chapeau, comme une rustine que l’on mettrait sur le boyau de son vélo. Je vous renvoie sur le site de la FEVAD pour retrouver toutes les ressources nécessaires pour mettre votre site en conformité commerciale pour vendre vos produits en toute sécurité. J’ai déjà rédigé un article sur les améliorations à porter sur les sites internets de vente de vin en ligne que vous pouvez consulter ici pour vous aider aussi.
Ce que j’entrevois de malheureux dans ces stratégies d’urgence, c’est encore plus de défiance de la part de vignerons qui, parce qu’ils auront fait implémenter par un webmaster une solution de paiement en ligne comme paypal et une boutique woocommerce (facturées of course) sans y trouver un quelconque bénéfice. Non, il ne suffit pas de faire deux posts Facebook et Instagram pour faire cliquer sur un site de vente en ligne!
Vous pouvez directement télécharger le catalogue de formations vinfopreneur et découvrir tous les contenus qui vous permettrons de rapidement mettre en place une stratégie e-commerce dans votre entreprise.
2- Informez sur toutes vos pages
Votre site internet doit pouvoir rassurer vos clients, pour cela vous devez rajouter des bannières sur toutes les pages indexées qui peuvent se retrouver en résultat de recherche d’un utilisateur de navigateur, ou sur celles sur lesquelles vous redirigez des utilisateurs lorsque vous postez des liens vers les réseaux sociaux. C’est une base pour établir un climat de confiance et de transparence avec vos consommateurs. Dans ce même bandeau vous pouvez par exemple laisser libre accès à votre DUER afin de prouver vos pratiques de préparation commande. Mettre l’intérêt du consommateur au centre de la relation commerciale est primordiale. Vos valeurs éthiques, comme assurer la mise en sécurité de vos salariés, même si elle est sans équivoque, doit être prouvée aussi!
3- C’est la guerre… du contenu
Le contenu est roi, je le martèle sans cesse et ça ne vient pas de moi, mais juste de Bill Gates. Que se passe t’il en ce moment? Les gens sont chez eux, sur leurs appareils connectés. Ils dévorent du contenu en ligne, donc??? A vous d’en produire! Vous êtes exploitant agricole, donc non assujettis au confinement: “J’ai pas que ça à faire que le guignol devant mon téléphone”, voilà ce que l’on peut entendre. Et bien il serait peut être temps de comprendre que lorsque l’on produit un bien, le but c’est de le vendre et que si vous ne le faites pas, surtout maintenant, personne ne le fera pour vous! Il y a des salons ou des magasins sur lesquels vous pouvez vous déplacer actuellement pour promouvoir vos produits? Je ne crois pas. Alors faites chauffer la caméra de votre téléphone et offrez du contenu à vos clients, vos prospects. Diffusez, diffusez, diffusez.
Il n’y a rien à vendre actuellement? Bien sûre que si ! Votre compétence, votre travail, vos connaissances,vos valeurs etc… Vos produits sont la somme de ce qui vous caractérise. J’ai aussi réalisé un guide pdf gratuit pour vous aider à mettre en valeur votre exploitation, vous pouvez le télécharger librement ici.
4- Il serait pas temps de faire de la pub en ligne?
Vous voulez générer du trafic vers vos solutions d’achat en ligne? Le trafic dit organique, celui qui, à force de travail gratifiant mais acharné, vous permettra de générer des ventes sans avoir à payer une régie publicitaire en ligne, ce n’est pas pour maintenant, surtout si vous décidez d’implémenter rapidement une solution commerciale via internet. Ce qu’on appelle le Search Engine Optimizer (SEO) prend du temps mais a tout son intérêt, pour qui aura eu l’intelligence de travailler cette stratégie depuis quelques mois voire années (et oui, une fois de plus, rien de magique). Donc le seul levier efficace à aujourd’hui si vous êtes en démarrage de stratégie digitale, c’est la promotion de vos contenus via Google Ads, Facebook Ads ou Linkedin Ads.
Vous avez un avantage dans tout ça, la valeur des CPC (coûts par clic) a fortement dévalué depuis le début de la crise, donc formez vous grâce aux ateliers en ligne proposés par ces plateforme et entamez vos premières campagnes. Mais attention, faites vous aider, conseiller par des professionnels.
5- Mesurez vos performances!
Une stratégie de vente en ligne, pour palier un manque de résultats dans vos objectifs de vente en physique, surtout quand elle est décidée à brûle pourpoint peut s’avérer payante, seulement comment le savoir lorsque vous n’avez pas les moyens de comparer jusqu’à l’arrivée des premières commandes? Ou comment savoir si les 500 euros de publicité sur une plateforme de réseau sociale sera rentable dans 10 ou 15 jours?
Avez vous mis en place les pixel facebook et google trackers? Avez vous établi des “évènements spécifiques sur vos pages de site internet pour faire du reciblage? Avez vous pris le temps d’utiliser un routeur d’email pour vous assurer de la délivrabilité de vos messages ou des interactions qu’elles engendrent?
J’ai réalisé quelques infographies qui vous feront, peut être, prendre conscience du potentiel de ces outils dans vos stratégies de vente en ligne.
En conclusion
Je réalise que pour beaucoup, dans cet article, je parle chinois … et c’est complètement délibéré. Une stratégie digitale, pour votre exploitation, je comprends que ce ne puisse pas être une priorité, mais force est de constater que lorsqu’on ne peut plus se déplacer, c’est la seule solution qu’il reste pour pouvoir réaliser du chiffre d’affaire (DHL, Uber et UPS livrent toujours par ici). Pour autant, il y a des bonnes pratiques à appliquer et malheureusement elles ne s’acquièrent pas en un claquement de doigt de développeur web. N’hésitez pas à cliquer sur les différents liés que j’ai placé dans cet article pour vous informer, réfléchissez, il est certain que d’ici à ce que vous implémentiez une solution efficace, le confinement sera levé … mais qui sait jusqu’à quand….